Avoir un cheval à soi, pour en user non comme d'un objet qu'on ne ménage guère, mais comme d'une créature pleine de force, de dignité, de grâce et de courage, n'est-ce pas l'espoir secret de tout cavalier ? Encore faut-il mériter cette joie qui s'accompagne de l'ascèse propre à l'équitation véritable. Encore faut-il se rendre digne de la confiance de son cheval. Belle école de maîtrise de soi, de mesure, en un mot d'équilibre physique et psychique. Mais alors, s'opère un échange subtil et comblant, entre cheval et cavalier. Cela peut aller jusqu'à l'amour le plus passionné. Telle est l'histoire ici contée d'une rencontre entre cette cavalière assez médiocre qu'est Simonne Jacquemard, possédée par un désir de communication profonde avec tout animal, et une petite jument alezane, fantasque, fougueuse, extrêmement sensible, qui avait pâti dans un Club Hippique et qui, sans le savoir, était destinée de tous temps à la vie large, et presque sauvage, de ce domaine où Simonne Jacquemard accorde son existence avec celle des bêtes des bois.
