Ce livre est ambigu. Comme la politique et comme les politiciens. Il y a certes de l’ironie dans le titre réunissant deux mots « Éloges » et « Magouille » qui semblent pour tous s’exclure, mais la dénonciation n’est pas ici tout à fait condamnation. L’implacable satiriste que sait être Joël Bonnemaison ne peut s’empêcher, en les démasquant, de marquer parfois une certaine tendresse à l’égard des personnages de la « commedia » qu’il met — après d’autres, à commencer par l’Actualité — en scène. Ce livre dont « la liste des personnages cités » comprend plusieurs centaines de noms, n’est pas de la politique-fiction. Composé d’une multitude de « flashs », de traits, de croquis, de confidences, de révélations, d’anecdotes, recueillis aux meilleures sources, souvent les plus secrètes, il guide le lecteur de parti en parti, de case en case (dans une sorte de « jeu de l’oie » électoral) jusqu’à l’insaisissable et périssable vérité politique. Partant de faits concrets — les « européennes », là où tout a commencé —, il éclaire aujourd’hui les comportements parfois insolites de nos grands et petits candidats des « présidentielles ». On peut en sourire, en rire, en gémir, en grincer des dents ou même en pleurer (ce qui serait tout de même étonnant), ce singulier « Éloge » n’en est pas moins le reflet d’une réalité de notre temps, la chronique insolente d’un système qui oblige les hommes à jouer d’abord de leurs convictions pour acquérir un jour le droit de les imposer.
