La guerre la plus longue et la plus acharnée de tous les temps. Elle ne s’est pas déroulée entre tribus sauvages, ni entre ennemis héréditaires : elle a opposé mortellement les uns aux autres des chrétiens, pareillement baptisés, disciples du même Christ. Ce paradoxe effarant qui nous demeure obscur, presque étranger, Georges Blond a trouvé le moyen de nous le rendre proche et compréhensible : il nous jette au cœur de la mêlée. Avec lui nous vivons le martyre interminable de l’Irlande, nous nous mêlons aux bandes des paysans révoltés de l’Europe centrale, nous participons aux coups de main des Gueux de mer dans les Pays-Bas occupés, nous assistons aux folies de nos guerres de religion. L’odeur affreuse des bûchers parvient jusqu’à nous... En même temps, nous entrons dans le cercle familier de tous les grands acteurs de cette tragédie, nous avons l’impression de converser avec eux, et nous entendons aussi les témoignages bouleversants et irrécusables, directement rapportés, des condamnés aux galères, des victimes des dragonnades, des combattants de la guerre inexpiable des Camisards - ces résistants aussi acharnés que le sont aujourd’hui les catholiques de l’Ulster. Cependant, au milieu du déchaînement des violences nous apparaissent les visages d’hommes admirables qui se voulurent, parfois au prix de leur vie, conciliateurs, pacificateurs. Leur action ou leur sacrifice n’a pas été vain, même s’ils paraissent avoir été balayés par le vent du fanatisme.