Simon Vanderer, un homme jeune encore, part pour le Mexique se remettre de sa jeunesse, de sa guerre (celle de 40) et de ses illusions, qu’il croit perdues. Il se consacre à sa mission : la France l’a délégué sous le couvert d’un pays sous-développé, à l’une de ces conférences internationales où, vers 1948, on refaisait le monde. Dans un décor flambant aztèque, dans celui moins flambant des assemblées édulcorées, notre héros risque de sombrer parmi ses utopies, malgré les consolations adultérines de la berlinoise Butterfly. Or voici qu’apparaît au détour d’un sentier, au flanc du volcan d’Uruapan, l’homme-à-nul-autre-pareil qui prodigue à poignées des bonbons Félix Potin... Et c’est ce gardien de volcan — introuvable ensuite — qui aura pourtant fait pour notre héros plus que d’autres en vingt ans d’éducation distinguée. Confronté à notre monde de consommation et de contestation, ce retour sur un passé de restrictions, de DC 4, d’Amérique découverte, risque de paraître dépassé. Mais que faire quand on est un monsieur important, un chercheur connu pour son sérieux, et qu’on a enfoui dans le placard de ses jeunes années un secret si différent ? Ne vaut-il pas mieux risquer d’irriter le lecteur plutôt que d’être accusé de non assistance à personne en danger ? « Le gardien de volcan » n’est pas un roman qui suit la mode. S’il est écrit tantôt à la première personne (je me souviens), tantôt à la seconde (je te vois, Simon) ou bien à la troisième, évocatrice de l’événement, c’est parce qu’il y a plusieurs Simon. Simon est comme tout le monde. Seul échappe au sort commun le Gardien, épouvantail toujours jovial, toujours indéchiffrable. Ces Simon-là, quel que soit leur âge, s’efforcent de se regrouper, de remonter le fatal courant, vers des eaux moins fatiguées. Et encore, s’agit-il d’eau limpide ou bien d’un feu insidieux ?... celui qui donne des boutons à la Terre, et aux hommes ces fièvres dont les accès les font recracher le Système par mille bouches farouchement individuelles. P. S.