La Crillonne est une rivière du Comtat-Venaissin. Sur ses rives, le bourg de Saint-Laurent prospère. En 1904, époque à laquelle se situe l'action du Soleil des eaux, presque toute la population de Saint-Laurent vit de la pêche : la Crillonne est inépuisable en truites et en anguilles. Une usine vient s'installer à la source même, et c'est la mort des poissons – la mort aussi du village, si les paysans n'étaient pas des hommes résolus et braves. Sur ce fond âprement poétique se déroulent les amours de Francis et de Solange, amours qu'accompagneront les vicissitudes et l'espérance de l'action. Cette pièce de René Char, qui a plus d'une signification, est presque un roman en dialogues. En outre, sa poésie, sa densité et sa profondeur sont extrêmes. Cette œuvre à demi véridique, à demi imaginée, lui a été indiquée par des amis, sans rapport ou presque avec la littérature, mais qui continuent entre la Sorgue et le Rhône la tradition orale des troubadours et des conteurs disséminés jadis sur le pourtour de la Méditerranée. Ces hommes sont des animateurs. Ils se font le soir la lecture à haute voix, lecture à laquelle, souvent, ils ajoutent, et en miment les péripéties. Entre eux, c'est 'se jouer la pièce'. C'est pour eux d'abord que Le Soleil des eaux fut écrit.