« L’Égypte, coulée géante de forces et de formes » (J. Berque). « L’Égypte à l’heure des choix... ». C’est cette Égypte en fusion, brûlante d’espoirs et de nostalgies, déchirée par des choix divergents entre une tradition arabe et musulmane, et une modernité qui corrode jusqu’aux manières de penser et de dire, c’est tout cela qu’exprime puissamment la littérature de l’Égypte moderne. Explosions et continuités telles, que le problème pour l’analyste était de trouver comment cerner et définir sans effacer et vider la substance. Car, aucune étude sociologique ou historique, si fine soit-elle, ne peut aller aussi profondément dans la vérité d’un peuple en évolution que ce qu’il en dit lui-même, spontanément dans ses inventions romanesques. Ce livre a eu pour constant souci de ne pas distendre cette image de l’Égypte telle qu’elle se dégage d’une littérature qui, dans sa diversité et son ampleur, reste encore inconnue du monde occidental et, peut-être même, de l’ensemble du monde non arabe. L’approche diachronique s’est imposée comme étant le processus le plus clair et le plus fidèle de pénétration et d’explication de cette « âme » du peuple égyptien, c’est-à-dire de sa manière d’embrasser la vie et la mort, de sa volonté — à toutes les époques et contre tous les régimes — de faire respecter sa dignité et sa liberté.