À travers des études de cas (deux auteurs juifs et un catholique : Levinas le plus connu, 1905-1995 ; Hermann Cohen, philosophe néo-kantien allemand, 1842-1918 ; Jules Lachelier, philosophe français spiritualiste, 1832-1918), il s’agit d’analyser certains aspects de la religiosité intellectuelle : comment des philosophes ont tenté de mettre en forme un discours de salut en lequel ils puissent se reconnaître doublement comme lettrés et comme membres d’un groupe confessionnel ?Ce qui réunit ces trois penseurs, au delà d’importantes différences, est une attitude anti-mystique : le contact avec l’Absolu ne passe pas par les voies de l’affectivité mais par celles de l’abstraction, de l’intellect, de l’effort sur soi-même. Les demandes de salut intellectuel qu’ils tendent à satisfaire sont celles des groupes les moins attirés par les pratiques magiques, émotionnelles et « populaires » : l’Absolu ne se donne pas comme une chose à prendre mais dans la distance, le retrait, l’annonce, la promesse.