"Longtemps, j'ai été à me dire : "Quand mon père mourra, ce sera énorme." Je voyais ça comme une rupture d'ordre cosmique. Je n'arrivais pas à imaginer mon père absent du monde. Lui et le monde, ça faisait tout un. Cela était peut-être dû au fait que mon père, toute sa vie, a construit des maisons. Des années entières, il s'est débrouillé pour faire tenir debout des volumes dans l'espace. Crayon, T, équerre, gomme, compas, table à dessin : voilà pour les munitions, le carquois. Mon père en blouse blanche, noyé dans les calques, les devis, les plans, est une des images cardinales que je garde de son passage sur cette terre. Vous l'avez sûrement croisé. On ne pouvait pas le rater." Michel Crépu.