En 1940, lorsqu’il fait son cours de droit public devant ses étudiants à la Sorbonne, Gabriel Le Bras a conscience d’avancer des faits et une vision déjà oubliés dans la France laïcisée, celle qui vit sous le régime de la séparation de l'Église et de l'État depuis 1905 et qui se déchristianise (le catholicisme n’est plus religion d’État que depuis la Monarchie de Juillet, en 1830).
Il reste pourtant de nombreuses traces, en particulier dans la fonction préfectorale, de l’exercice pendant des siècles d’une police religieuse de l’État, ce qu’on nommerait, dans un langage contemporain, une action politique en matière religieuse.
Comment, dans quelles circonstances l’État – royal – s’est-il engagé dans l’exercice d’une police religieuse alors que l’Église disposait de ses propres instruments, en particulier ses tribunaux ? Comment cette police s’est-elle emparée des affaires religieuses, au côté de l’Église, voire en la relayant ? Comment l’État traita-t-il de la magie, de la sorcellerie et de l’hérésie ? Quels bouleversements furent induis par le protestantisme ?
Ce sont là quelques points d’une longue histoire de la tolérance et de l’intolérance que retrace avec érudition Gabriel Le Bras.