Tout soin, a fortiori toute psychothérapie, se dérouleraient nécessairement dans un climat pacifique et bienveillant, comme s’il allait de soi qu’un pacte de non-belligérance devait lier le patient et son thérapeute. La relation thérapeutique se conformerait à ses aspects apaisants, réconfortants et éclairants – en aucun cas à quelque antagonisme.
Ce livre incisif bat en brèche un tel a priori, avec ironie, certes, mais en profondeur, et avec des arguments familiers aux psychothérapeutes de tous bords. Il démontre que soigner ne consiste pas forcément à caresser le patient dans le sens du poil. Il traite de la thérapie comme d’un combat, livré non pas « à la maladie », selon un cliché qui a la vie dure, mais au malade qui s’est « installé » dans sa souffrance et qui « consomme » du soin.
Gérard Salem examine les difficultés, les obstacles, les résistances, les faux succès et les ratages de la psychothérapie conventionnelle. Il met en lumière la face cachée du soin : une nécessaire empoignade entre patient et thérapeute pour aller vers une guérison en profondeur, et non vers l’on ne sait quelle « acceptation de ses propres limites », suivie d’une « adaptation pertinente » à la réalité. L’empoignade, ici, est un combat de nature curative, c’est-à-dire au profit du patient.
Cette deuxième édition persiste, signe et se trouve enrichie de nouveaux développements (sur la question des résistances du patient, de la soumission à l’autorité, ou de la surprise thérapeutique). Une vingtaine de récits cliniques et six dialogues avec des patients illustrent l’argumentation.
Gérard Salem, psychiatre et psychothérapeute, il est l’auteur de nombreuses publications consacrées aux thérapies systémiques ou à l’hypnose médicale. Il enseigne aux facultés de médecine de Lausanne, de Genève et de Paris (VI et VIII).