La Fortune de Gaspard (Edition Intégrale - Version Entièrement Illustrée) * Inclus une courte biographie de la Comtesse de Ségur Descriptif : Roman de la comtesse de Ségur, raconte l’histoire et le parcours de Gaspard, enfant puis jeune homme doué et ambitieux. Extrait : Gaspard ne manqua pas aux promesses qu’il avait faites à Mina ; il devint de plus en plus religieux et charitable. Il chercha à réparer le tort qu’il avait fait jadis à quelques ouvriers intelligents que ses rapports trop sévères avaient empêchés d’avancer. Il protégea particulièrement André, qui obtint de M. Féréor le poste de confiance, très avantageux, qu’avait jadis occupé Gaspard. M. Féréor, amélioré par l’exemple et la tendresse de son fils et de sa fille, devint la providence du pays après en avoir été l’oppresseur. Mina obtint sans peine que les ouvriers eussent leur dimanche entièrement libre. Ils n’en travaillèrent que mieux, et reçurent souvent des gratifications qu’ils méritaient et dont ils furent reconnaissants. Tout le pays changea d’aspect ; les cafés se fermèrent faute de pratiques ; l’église devint trop petite pour la population qui s’y pressait. On ne trouvait plus dans la commune un seul individu qui ne fît pas ses Pâques et qui ne sût lire. Gaspard établit, par le conseil de Mina, pour l’usine et le village, une bibliothèque considérable et composée de livres instructifs, intéressants et amusants. Les autres propriétés de Gaspard jouirent des mêmes avantages ; la misère y était inconnue. Gaspard devint aussi un bon fils et un bon frère ; Mina resta toujours la fille et la sœur bien-aimée de la mère Thomas et de Lucas, qu’elle visitait souvent, et qu’elle continua à aider dans les soins du ménage. Celui de Mina s’augmenta de deux garçons ; le premier a quatre ans, le second en a deux ; M. Féréor les aime tendrement ; il est le meilleur des grands-pères, comme il avait toujours été pour Gaspard le meilleur des pères. Il a quatre-vingt-quatre ans, et il a le cœur plus jeune qu’il ne l’avait eu dans sa jeunesse ; il se trouve réellement heureux depuis qu’il a compris l’amour pour son prochain et pour son Dieu. Il répète souvent qu’il doit à Gaspard sa première affection, et à Mina le développement des sentiments de son cœur. Mina et Gaspard s’aiment comme aux premiers jours de leur union. Les affaires de M. Féréor et de Gaspard prospèrent plus que jamais. Gaspard jouit maintenant de son bonheur sans aucune réserve : ses pensées d’ambition ne viennent plus, comme par le passé, jeter l’amertume au milieu de ses joies et de ses succès. Depuis le changement qu’a subi son cœur, il sent que la richesse et les honneurs ne procurent de véritables jouissances qu’autant qu’on les emploie à faire le bien.