Publié sous le co-pilotage de Patrice Geoffron et Christian de Perthuis, professeurs à l’Université Paris-Dauphine-PSL, le numéro 155 de la Revue d’économie financière est consacré à « Financer la transition énergétique ». Ce sujet s’inscrit à la croisée de l’urgence climatique et des impératifs de sécurité collective, dans le prolongement du conflit ukrainien et de ses conséquences sur les prix énergétiques. Cela sur fond de contraintes budgétaires drastiques, susceptibles de peser durablement sur l’économie française, et d’entraver l’action publique en soutien à la transition. En gardant à l’esprit que la capacité à financer la transition est non seulement un enjeu environnemental, mais également de compétitivité, comme l’ont rappelé avec force Mario Draghi et Enrico Letta.
Réunissant 18 auteurs et autrices et riche de 16 articles, le thème central de ce numéro se décline en 3 chapitres :
- L’évaluation des besoins de financement
- Les secteurs
- Les outils
La première partie porte sur l’évaluation des besoins de financement de la transition, pour les investissements nécessaires à la réduction des émissions de gaz à effet de serre, pour ceux destinés à l'adaptation aux effets du changement climatique et pour amortir ou corriger certains des effets redistributifs associés à ces transformations. Les évaluations disponibles convergeant vers le besoin d’un effort équivalent à 2% du PIB/an, à court et long terme, le financement de la transition est également un défi macroéconomique.
La deuxième partie est centrée sur des développements sectoriels, concernant le financement des investissements dans les réseaux électriques, le nouveau nucléaire, les gaz verts (du biométhane à l’hydrogène), la biomasse ou les transports. L’objectif est ici de préciser les besoins de financement de façon plus « granulaire », en illustrant la diversité des problématiques dans quelques secteurs.
La dernière partie détaille les mécanismes et la portée de différents schémas de financement, du nouveau système de permis sur les émissions diffuses (l’ETS2, couvrant les secteurs du transport et du bâtiment), aux tarifs d’électricité (dans leur capacité à transmettre des incitations cohérentes aux consommateurs) et jusqu’aux coopératives carbone territoriales (permettant de réunir institutions, entreprises et citoyens dans une gouvernance climatique locale et partagée). L’objectif n’est pas de proposer une revue systématique des outils de finance « verte », mais d’apporter des éclairages sur plusieurs outils ou schémas de financement innovants susceptibles de contribuer à l’objectif.