De la nation moderne, telle que le siècle des Lumières l'engendre, ont été retenus deux actes fondateurs. Le premier ancre l'appartenance dans des références communes, une tradition reconnue, un patrimoine. Le second écarte plus ou moins de ce partage les non-originaires, voire les citoyens de second rang. Engendrer ses ancêtres et désigner ses étrangers sont les gestes qui inscrivent la nation au coeur de nos sociétés. Pourtant, dans l'Europe du xxe siècle, que de différences dans la mise en oeuvre de cette forme commune. Sous l'universalité du modèle national se dessine, dans la façon de traiter du patrimoine ou de l'étranger, une large diversité d'histoires et de cultures. Aujourd'hui, les bouleversements qui touchent l'Europe ont soudain ravivé un débat dans lequel l'ethnologie se trouve forcément embarquée. Ses mots les plus courants - « culture », « ethnie », « tradition », « patrimoine » - ne sont-ils pas parfois devenus des armes ? Venus de six pays, ethnologues et historiens de la culture ont dressé un bilan, ouvert un dialogue, et tracé les perspectives d'un nouveau chantier de l'ethnologie dont ce livre témoigne.