La théorie de Darwin aussi bien que sa réception scientifique, littéraire et politique en France continuent d’être matière à débat. Les controverses qu’elle a suscitées à partir de la première traduction française de L’Origine des espèces en 1862 n’ont pas été le seul fait des naturalistes, des géologues ou des paléontologues. De nombreux autres savants se sont préoccupés de l’impact du darwinisme sur leur discipline, notamment en philologie, dans les mathématiques, la linguistique, la psychologie comparée, l’histoire ou la philosophie. Les auteurs des textes réunis dans Darwin au Collège de France montrent que le Collège de France constitue un point de référence idéal pour étudier les idées de Darwin et leur réception ainsi que la manière dont elles ont pu jouer sur la formation des disciplines du milieu du xixe siècle jusqu’à aujourd’hui. Parmi les défenseurs ou les adversaires français du darwinisme, on compte en effet plusieurs de ses professeurs, à commencer par Pierre Flourens, dont l’Examen du livre de M. Darwin (1864) a été l’un des premiers comptes rendus hostiles de L’Origine des espèces. D’autres figurent encore dans la liste : Ernest Renan, Edgar Quinet, Théodule Ribot, Jean-Charles Lévêque, Étienne-Jules Marey, Jean-François Nourrisson, Michel Bréal, Gabriel Tarde, Henri Bergson, Étienne Gilson. À cette liste s’ajoutent les professeurs de biologie, de médecine, de paléontologie, de neurosciences, ou d’économie politique. Le colloque, dont les contributions sur quelques-uns des savants mentionnés ci-dessus sont réunies dans le deuxième volume de la collection « Passage des disciplines », a été organisé par Alain Prochiantz et Antoine Compagnon dans le cadre du projet « Passage des disciplines : Histoire globale du Collège de France, xixe siècle - xxe siècle », qui s’intéresse à l’évolution des matières enseignées aussi bien que celles qui ont n’y ont pas été admises et qui forment un « Collège virtuel », depuis la fin du xviiie siècle jusqu’aux années 1960. Il est dirigé par Antoine Compagnon, avec la collaboration de Céline Surprenant et le soutien financier de PSL (2016-2019), et de la Fondation Hugot.