« Un passé peut en cacher un autre. On sait, et cela éclaire en partie mon parcours d’historien, que je suis né dans une famille juive d’Algérie. Sans nul doute, la blessure de l’exil, l’attachement à mon enfance, le traumatisme de la guerre vécue entre 1955 et 1962 ont-ils favorisé cette longue recherche sur l’histoire algérienne, commencée dans les années 1970. Mais il est une autre origine qui éclaire ce parcours, celle de mon engagement politique. Rares sont ceux qui savent à quel point le militantisme a occupé une vie antérieure, et ce texte va surprendre. »
Benjamin Stora est beaucoup plus connu en effet pour ses nombreux travaux sur l’Algérie et le Maghreb que pour son itinéraire de militant trotskiste à l’OCI. Dans ce livre personnel, attachant et rigoureux, où il tient à la fois le rôle du témoin et celui de l’historien, il rompt un long silence. Révélant des faits ignorés, il brosse quelques portraits surprenants et restitue, sans illusions ni reniement, ce mélange de passion politique et d’aveuglement dogmatique, de générosité et d’intolérance, de dévouement et de violence qui a caractérisé cette aventure collective. Celle de militants fascinés par le passé, celui d’octobre 1917 en particulier, qui cherchaient leur avenir entre réforme et révolution.