Le capitalisme a, qu'on le veuille ou non, construit notre monde actuel. Ses origines sont cependant très lointaines. On peut dater le point de départ des capitalismes européens en plein cœur du Moyen Âge, bien que nombre de ses éléments aient pu préexister déjà tout au long d'une partie de l'Antiquité. L'invention est proprement italienne, ses développements nord-européens : ce qui correspond au passage de l'État-ville italien aux États organisés et rationalisés du dix-huitième siècle. L'essor commercial du dix-huitième siècle a donné un singulier coup d'accélérateur, tandis que la banque, y compris la banque d'État, s'installe en force. La grande époque est le dix-neuvième siècle, avec l'industrialisation qui fait de l'Europe un moment la maîtresse du monde. En réalité, la domination de ces divers capitalismes n'a jamais été absolue ; mais ce sont eux qui ont créé, par l'intermédiaire du grand commerce international à l'échelle mondiale, puis par la mise au point de la civilisation industrielle fondée sur la machine — autre création de l'Europe, et surtout de L'Angleterre —, la civilisation contemporaine. Les grands capitalistes ont été des aventuriers singulièrement efficaces : sans eux rien n'aurait pu se faire. À travers les tares du capitalisme (mais quelle œuvre humaine ne comporte sa part d'ombres ?), il importait de rappeler ce que l'on est, un peu trop facilement, tenté d'oublier.