Le mot « Régence » évoque l’attrait ambigu d’une fête — au sens le plus précis du terme — officialisée, sublimée aussi par la peinture de Watteau, mais tout autant crapuleuse ou « libératrice », juste revanche de la fin tartufienne du grand règne. L’image n’est pas inexacte. Encore faut-il la situer : la « fête » avait commencé bien avant, et le Régent ne fait qu’affirmer publiquement ce que l’aristocratie parisienne pratique de longue date. Face à l’incroyance des milieux dirigeants, qui participent à la « crise de la conscience européenne » consécutive à l’impact des grandes nouveautés scientifiques, le peuple demeure enfermé dans les réseaux tissés un siècle durant par la Contre-Réforme. Si les ports commencent à profiter de la grande mutation commerciale transatlantique qui se prépare, la plupart des villes françaises sont stabilisées. La campagne se remet, parfois difficilement, de la grande crise climatique des trois dernières décennies du règne de Louis XIV. La Régence amorce le renouveau économique qui va s’étendre sur la première partie du XVIIIe siècle. Après 1720, le paysan français connaît l’une de ses périodes « fastes » et, grâce à Law, la crise financière de l’État s’est considérablement atténuée, au prix d’un relatif bouleversement de bien des fortunes. Époque de contradictions, la Régence n’a pas fini de susciter controverses et discussions...